Qu'est-ce que l'ACRE et comment en profiter en micro-entreprise ?
L'ACRE (aide à la création ou à la reprise d'une entreprise) représente un véritable coup de pouce financier pour démarrer votre activité. Concrètement, elle vous permet de diviser par deux vos cotisations sociales pendant vos premiers mois d'activité. Une exonération de 50 % qui court jusqu'à la fin du troisième trimestre civil suivant votre date d'immatriculation.
Prenons un exemple concret pour y voir plus clair. Imaginons que vous lancez votre activité de relecteur-correcteur le 1er avril 2025. Vous appartenez à la catégorie « Prestations de services BNC » avec un taux de cotisations sociales de 24,6 %. Grâce à l'ACRE, ce taux chute à 12,3 % jusqu'au 31 mars 2026, soit 12 mois complets d'allègement. Une différence qui fait toute la différence quand chaque euro compte.
Attention, un détail important : pour profiter pleinement de cette aide sur 12 mois, pensez à créer votre micro-entreprise en début de trimestre civil (janvier, avril, juillet ou octobre). Si vous vous lancez en milieu de trimestre, vous perdrez quelques mois de bénéfice.
Qui peut bénéficier de l'ACRE en 2025 ?
Pour prétendre à l'ACRE, plusieurs situations vous ouvrent les portes de cette aide. Vous devez être en début d'activité et ne pas en avoir bénéficié au cours des 3 années précédentes. Ensuite, il faut correspondre à au moins l'un de ces profils :
Les demandeurs d'emploi indemnisés touchant l'ARE ou l'ASP ont automatiquement accès à l'ACRE. Si vous êtes inscrit à France Travail depuis plus de 6 mois sur les 18 derniers mois sans indemnisation, vous êtes également éligible. Les bénéficiaires du RSA ou de l'ASS peuvent également en profiter.
Les jeunes de 18 à 25 ans, ou jusqu'à 29 ans en cas de reconnaissance de handicap, peuvent demander l'ACRE sans autre condition. Les moins de 30 ans qui ne remplissent pas les conditions de durée d'activité pour l'ARE sont aussi concernés. Enfin, si vous reprenez l'entreprise dans laquelle vous étiez salarié et qui fait l'objet d'une procédure collective, l'ACRE vous est accessible.
Comment faire votre demande d'ACRE ?
La démarche est simple mais ne doit pas être négligée. Commencez par créer votre micro-entreprise sur le Guichet Unique. Une fois votre inscription finalisée, téléchargez votre justificatif de création d'activité. Ensuite, remplissez le formulaire de demande d'ACRE disponible sur le site de l'Urssaf.
Transmettez ce formulaire via la messagerie sécurisée de votre espace Urssaf, accompagné de votre justificatif de création et de la pièce prouvant votre éligibilité selon votre situation. L'idéal est d'envoyer votre demande le jour même de votre déclaration d'activité pour ne rien perdre de vos droits.
L'ARCE : transformez vos allocations chômage en capital de démarrage
L'aide à la reprise et à la création d'entreprise (ARCE) fonctionne différemment de l'ACRE. Ici, il s'agit de transformer une partie de vos droits au chômage en capital versé en deux fois. Concrètement, vous recevez 60 % de vos droits ARE restants, avec une déduction de 3 % au titre de la retraite complémentaire.
Voici comment ça marche dans la vraie vie. Suite à la perte de votre emploi, vous vous inscrivez à France Travail le 6 octobre 2025. Votre droit ARE correspond à 50 € par jour pour 418 jours. Le 1er décembre 2025, vous créez votre micro-entreprise de graphiste. Il vous reste alors 388 jours de droits. Le montant de votre ARCE sera calculé ainsi : [(50 € × 388 jours) × 0,60] = 11 640 €, soit 11 291 € après déduction des 3 %.
Le versement s'effectue en deux temps. Vous recevez la première moitié au démarrage de votre activité, soit 5 645 €. La seconde moitié arrive 6 mois plus tard, sous réserve que votre activité existe toujours et que vous n'ayez pas repris de CDI à plein temps entre-temps. Cette dernière condition est entrée en vigueur le 1er avril 2025.
Les conditions pour obtenir l'ARCE
L'ARCE s'adresse aux créateurs d'entreprise qui remplissent trois conditions cumulatives. Première exigence : avoir créé ou repris une entreprise en France après la fin de votre contrat de travail. Vous devrez fournir un justificatif d'immatriculation pour le prouver.
Deuxième condition : être bénéficiaire de l'ARE au moment de votre demande. Vous devez donc avoir des droits ouverts à l'allocation chômage. Enfin, troisième élément indispensable : avoir obtenu l'ACRE. C'est un prérequis obligatoire pour accéder à l'ARCE.
La démarche pour demander l'ARCE
Pour obtenir l'ARCE, adressez-vous directement à votre conseiller France Travail. Vous devrez fournir un justificatif attestant de la création ou reprise de votre entreprise : extrait K ou K-bis, justificatif d'immatriculation au Registre National des Entreprises.
Votre conseiller calculera le montant de votre ARCE sur la base de vos droits ARE restants. N'hésitez pas à lui demander une simulation pour bien comprendre l'impact financier de votre choix entre ARCE et maintien de l'ARE.
ACRE seule ou cumul ACRE + ARCE : quelle stratégie adopter ?
Le choix entre ACRE seule ou cumul ACRE + ARCE dépend entièrement de votre situation personnelle et de votre projet. Pour prendre la bonne décision, posez-vous trois questions essentielles.
Première question : êtes-vous demandeur d'emploi ? Si vous n'avez pas de droits au chômage, la question de l'ARCE ne se pose pas. Vous pouvez tout à fait demander l'ACRE seule, elle reste accessible même sans être inscrit à France Travail.
Deuxième question : avez-vous besoin d'une trésorerie immédiate ? Si vous devez investir dès le départ dans du matériel, un stock ou une communication importante, l'ARCE peut être précieuse. En revanche, si vos besoins de trésorerie sont modérés, garder vos allocations mensuelles ARE peut s'avérer plus intéressant, surtout si leur montant est conséquent.
Troisième question : votre projet est-il suffisamment solide pour générer rapidement du chiffre d'affaires ? Gardez en tête qu'avec l'ARCE, si votre activité s'arrête avant le second versement (6 mois), ou si vous reprenez un CDI à temps plein, vous perdez cette seconde tranche. C'est un point crucial de la réforme d'avril 2025.
| Critère | ACRE seule | ACRE + ARCE |
|---|---|---|
| Trésorerie immédiate | Aucun capital de départ | Capital important dès le lancement |
| Revenu mensuel | Maintien des ARE mensuelles si CA faible | Pas d'ARE mensuelle, uniquement le CA |
| Flexibilité | Cumul possible ARE et revenus d'activité | Engagement sur 6 mois minimum |
| Risque | Filet de sécurité mensuel conservé | Perte du 2e versement si arrêt ou CDI |
Une recommandation pratique : si votre projet comporte des incertitudes ou si vous testez votre marché, privilégiez l'ACRE seule avec maintien partiel de l'ARE. Vous conservez ainsi plus de souplesse. À l'inverse, si vous avez un projet solide nécessitant des investissements de départ conséquents et que vous êtes confiant sur la viabilité de votre activité, l'ARCE peut être le bon choix.
Les nouveautés 2025 à ne pas manquer
L'année 2025 apporte son lot de changements sur ces dispositifs. Le plus important concerne l'ARCE et date du 1er avril 2025. Désormais, pour toucher le second versement de l'ARCE, vous devez non seulement exercer toujours votre activité, mais aussi ne pas être en CDI à temps plein. Cette condition vise à éviter les cumuls trop avantageux.
Autre modification notable : les cotisations sociales des prestations de services libérales évoluent progressivement. Elles passent de 24,6 % en 2025 à 26,1 % à partir du 1er janvier 2026. Avec l'ACRE, ces taux sont bien sûr divisés par deux, mais cette hausse à venir mérite d'être anticipée dans vos prévisions.
Enfin, concernant la reprise des droits ARE après cessation d'activité, les règles se sont durcies. Depuis le 1er avril 2025, si vous avez perçu l'ARCE et que votre activité cesse, la reprise de l'ARE s'accompagne d'un différé d'indemnisation. Ce délai correspond au nombre de jours d'allocations équivalent au montant du second versement ARCE. Un point à garder en tête avant de faire votre choix.
L'ACRE et l'ARCE restent des aides précieuses pour lancer sereinement votre micro-entreprise. L'important est de bien comprendre leur fonctionnement, d'évaluer vos besoins réels en trésorerie et la solidité de votre projet avant de faire votre choix. N'attendez pas pour déclencher vos demandes : identifiez dès maintenant quelle stratégie correspond le mieux à votre situation. Et si vous hésitez, rapprochez-vous de l'Urssaf ou de votre conseiller France Travail pour un accompagnement personnalisé. Ces dispositifs sont là pour vous aider, alors profitez-en pleinement.
Sources : Service Public, France Travail, Urssaf - Données actualisées novembre 2025




